Ce seul en scène raconte une folle aventure. Celle de treize comédiens qui pendant cent jours parcourent la France à pieds pour installer chaque soir un théâtre éphémère au cœur d’une zone blanche. En moyenne vingt-cinq kilomètres par jour soit un total de deux-mille-cinq cent kilomètres, de Paris à Paris en passant par la Lozère.
Et autant de rencontres avec un public vierge de théâtre. Le désir de culture est partout et il faut l’entendre. Le droit à la culture n’est pas un droit accessible. C’est notre mission, notre message lors de ce voyage.
Dans cette France périphérique, il n’y pas de lieu dédié à la culture. Alors, on improvise. Une place de village, une grange délabrée, un préfabriqué (mais sans décor), le hall d’un centre de rééducation, une église en bataillant pour obtenir l’accord du diocèse.
Tous les jours, la magie opère malgré les contraintes logistiques nombreuses. Ne pas savoir si on va être à l’heure pour jouer le soir, ne pas savoir quel accueil on va recevoir, ne pas savoir où sont passés les camions transportant les trois tonnes de décors…
Même si nous prenons le temps de partager notre art avec le public, réussirons-nous à finir dans les temps notre tour de France? Car nous sommes attendus par Ariane Mnouchkine pour jouer notre dernière date à la Cartoucherie dans cent jours.
Ce spectacle initiatique évoque ces personnages hauts en couleurs rencontrés à chaque étape, série de témoignages précieux sur la France rurale ou suburbaine. Où on a aussi envie de rire et de rêver. Et il y a aussi la marche, la marche pour se vider la tête, marcher seul, face à soi-même, elle est salvatrice, libératrice, elle décrasse l’âme.
Je ne vais pas vous livrer cette histoire comme je l’ai vécue, mais comme vous allez la vivre…